Qu’est-ce qu’un e-fuel ? Comment et où est-il produit ?
« Les carburants traditionnels sont extraits du pétrole, un peu comme un artiste va sculpter dans la pierre pour former une sculpture. Dans le cas des e-fuels, on va plutôt assembler le carburant en prenant des molécules, un peu comme des briques lego, que l’on va assembler pour former le carburant. Il existe différentes formes d’e-fuels, le plus connu est l’hydrogène mais il y a également le méthane, le méthanol et bien d’autres encore beaucoup plus exotiques. »
A quel point l’utilisation d’un e-fuel est-elle préférable par rapport à un carburant classique ?
Notamment dans l’atteinte des objectifs climatiques imposés par l’Europe ?
« L’avantage d’un e-fuel est de ne pas émettre de CO2 lorsque l’on considère l’ensemble du cycle. Avec une molécule comme l’hydrogène qui ne contient pas de carbone, on n’émet pas du tout de CO2. Avec une molécule comme le méthane ou le méthanol que l’on a aussi produit comme un e-fuel, on va émettre du CO2 au moment de la combustion, mais il s’agira de CO2 que l’on aura capturé précédemment au moment de la fabrication du carburant. L’idée dans ce cas est d’utiliser de l’électricité verte pour apporter l’énergie nécessaire pour produire ces molécules qui seront utilisées dans les moteurs. »
Les e-fuels sont-ils compatibles avec les motorisations essence et diesel actuels ?
« Ils sont totalement compatibles. Et on les connaît déjà, en fait ! Celui qui est le plus compatible et que l’on connait bien, c’est le méthane. On peut fabriquer du méthane comme un e-fuel et on voit déjà aujourd’hui de plus en plus de pompes CNG. Le CNG, c’est du gaz naturel comprimé, et dans le gaz naturel, il y a essentiellement du méthane. Un autre qu’on peut produire aussi sous forme d’e-fuel, c’est le méthanol qui est également totalement compatible avec les moteurs de type essence. Pour les moteurs de type diesel, on peut aussi produire ce qu’on appelle des OME, et ça se sont des molécules un peu plus complexes, mais qu’on peut également produire à partir d’énergies vertes. »
Les moteurs traditionnels sont-ils voués à disparaitre ?
« Je ne pense pas. Je pense qu’ils constituent clairement une partie de la solution. Les moteurs traditionnels vont coexister avec les voitures électriques car non seulement ils font partie de la solution mais surtout, surtout il faut aussi dézoomer notre champ de vision. Si on regarde au niveau planétaire, c’est clair qu’on ne remplacera pas magiquement par des voitures électriques le parc automobile mondial qui sera estimé en 2030/2035 à 2 milliards de véhicules. Donc les motorisations électriques et thermiques vont coexister, et je pense que justement que c’est en prenant des initiatives qui sont importantes pour ne pas les oublier que l’on va pouvoir réussir notre transition énergétique. »